J’étais hier soir, le 11 novembre 2015, l’invité de l’émission d’infrarouge sur la RTS consacrée aux jeunes, au sport, à la formation et à l’éducation. Ce débat faisait au film du réalisateur Nicolas Wadimoff qui a suivi Yvan Sorel, un champion d’art martial, reconverti en professeur de sport pour enfants de banlieues difficiles à Marseille.
Voici ci-dessous l’ensemble de mes interventions durant l’émission.
Les jeunes sont une ressource et non un problème
On ne peut pas mettre un Yvan Sorel dans chaque quartier. Ce que j’ai appris de ma pratique politique depuis 12 ans à la Mairie, ce sont deux choses fondamentales:
La première, c’est de dire que les jeunes sont une ressource et non pas un problème. Et ça, ça change le regard et la manière de travailler des travailleurs sociaux, des habitantes et des habitants, des associations de s’imaginer que l’on peut canaliser cette énergie. Et notre rôle en tant que politique, c’est de donner de l’espoir à des jeunes et à des adolescents.
Ma deuxième conviction, c’est de penser toujours et encore que le service public doit être présent dans les quartiers populaires. Parce que l’exemple cité dans le film est clair. On a aujourd’hui à Marseille un État qui se retire, plus personne n’ose y aller. A Vernier, nous avons fait absolument l’inverse, on met du service public. On a les moyens de le faire, on fait de la prévention auprès de jeunes et des enfants qui sont en devenir. Si on ne mise pas maintenant sur la prévention, on va se retrouver dans des situations explosives bien plus chères, qui ne deviennent plus gérables et que seule la force de police pourrait, et encore ce n’est pas assuré, apaiser.
L’autorité ne se construit pas sur la violence
L’autorité ne se construit pas sur la violence. Je ne crois pas à ce modèle. J’ai été éducateur pendant une dizaine d’années dans des foyers pour adolescents. Dans l’équipe éducative, celles et ceux qui voulaient se mettre en avant auprès des jeunes par la violence, par l’agressivité, même verbale, n’avait aucune autorité. Je préférais utiliser mon autorité différemment, en créant du lien et en faisant en sorte que l’exigence soit là. Aujourd’hui, on a besoin d’exigences, de cadres. Ces adolescents, nos adolescents ont besoins de cadres. Au fond, dans la vie quotidienne, ce que font les travailleurs sociaux hors murs, ce que font les patrons, c’est de poser des cadres à des adolescents, qui peuvent parfois être particulièrement inquiets, angoissés, désorientés: ils ont besoin de trouver des adultes face à eux. Ce qui me frappe dans notre société d’aujourd’hui, c’est que ces adultes ont un peu disparu. On peut le voir dans le film, les parents sont absents.
Il faut aider les parents
Je n’aime pas parler de démission des parents. Les parents font de leur possible. Par contre, il leur faut de l’aide, ça c’est certain. Le rôle des adultes est aujourd’hui vraiment faible.
Ce soir, je sors du Lignon, je vois une bande de garçons de 10 ans en train de se battre. Il y quatre adultes qui sont passés et qui n’ont pas réagi. Qu’est ce que je fais? J’y vais et je leur demande ce qui se passe. J’ai agi naturellement mais ces 4 adultes non. Au fond, l’exemple que je donne montre que les adultes n’ont pas eu beaucoup de considérations pour ce qui se passait autour d’eux, peut-être par manque d’outils, peut-être par crainte aussi. Nous sommes des individualités et chacun y va pour sa pomme, alors même qu’on vit toutes et tous dans une même cité, dans une même ville ou dans un même village.
A Vernier, depuis 2011, on a travaillé sur un modèle de médiateurs sociaux dans les quartiers populaires. Je reviens sur l’exemple des services publics. Ce modèle, c’est au fond accepter qu’il y ait des jeunes en bas de chez soi mais c’est aussi de ne pas accepter qu’à 22h du soir ils fassent du bruit. Nous utilisons des correspondants de nuit au lieu d’intervenir avec la police, où finalement ils font un travail de pompiers: ils viennent et tout le monde part, mais les jeunes reviennent ensuite. Ce modèle, c’est d’être tous les jours de l’année, 365 jours sur 365, de 18h à 2h du matin, dans les quartiers populaires. C’est ainsi qu’on arrive à des solutions pour les habitantes et les habitants où on travaille sur la tranquillité publique, on travaille sur l’acceptation d’avoir un groupe en bas de chez soi. Et pour les jeunes de les faire réfléchir sur le fait qu’ils laissent des déchets et que quand ils consomment de l’alcool, ils sont des états qu’ils n’arrivent plus à gérer. Il faut faire en sorte qu’avec les travailleurs sociaux hors murs, les maisons de quartiers et les correspondants de nuits de Vernier, on travaille à la résolution de ce type de problèmes.
La surreprésentation des jeunes à l’aide sociale est un scandale
6 jeunes sur 10 aujourd’hui à l’aide sociale n’ont pas de formation achevée. Il y a un effort massif à faire au niveau fédéral, au niveau cantonal, au niveau communal, pour mettre des moyens et convaincre. Il n’y a que 20% des entreprises en Suisse qui forment des apprentis. On doit absolument développer un plan qui augmente le nombre de places d’apprentissages et qui permette à des jeunes qui n’ont pas un bagage scolaire très fort, d’entrer dans une démarche de formation.
« Notre rôle, c’est de donner de l’espoir aux jeunes »
J’étais hier soir, le 11 novembre 2015, l’invité de l’émission d’infrarouge sur la RTS consacrée aux jeunes, au sport, à la formation et à l’éducation. Ce débat faisait au film du réalisateur Nicolas Wadimoff qui a suivi Yvan Sorel, un champion d’art martial, reconverti en professeur de sport pour enfants de banlieues difficiles à Marseille.
Voici ci-dessous l’ensemble de mes interventions durant l’émission.
Les jeunes sont une ressource et non un problème
On ne peut pas mettre un Yvan Sorel dans chaque quartier. Ce que j’ai appris de ma pratique politique depuis 12 ans à la Mairie, ce sont deux choses fondamentales:
La première, c’est de dire que les jeunes sont une ressource et non pas un problème. Et ça, ça change le regard et la manière de travailler des travailleurs sociaux, des habitantes et des habitants, des associations de s’imaginer que l’on peut canaliser cette énergie. Et notre rôle en tant que politique, c’est de donner de l’espoir à des jeunes et à des adolescents.
Ma deuxième conviction, c’est de penser toujours et encore que le service public doit être présent dans les quartiers populaires. Parce que l’exemple cité dans le film est clair. On a aujourd’hui à Marseille un État qui se retire, plus personne n’ose y aller. A Vernier, nous avons fait absolument l’inverse, on met du service public. On a les moyens de le faire, on fait de la prévention auprès de jeunes et des enfants qui sont en devenir. Si on ne mise pas maintenant sur la prévention, on va se retrouver dans des situations explosives bien plus chères, qui ne deviennent plus gérables et que seule la force de police pourrait, et encore ce n’est pas assuré, apaiser.
L’autorité ne se construit pas sur la violence
Il faut aider les parents
Je n’aime pas parler de démission des parents. Les parents font de leur possible. Par contre, il leur faut de l’aide, ça c’est certain. Le rôle des adultes est aujourd’hui vraiment faible.
Ce soir, je sors du Lignon, je vois une bande de garçons de 10 ans en train de se battre. Il y quatre adultes qui sont passés et qui n’ont pas réagi. Qu’est ce que je fais? J’y vais et je leur demande ce qui se passe. J’ai agi naturellement mais ces 4 adultes non. Au fond, l’exemple que je donne montre que les adultes n’ont pas eu beaucoup de considérations pour ce qui se passait autour d’eux, peut-être par manque d’outils, peut-être par crainte aussi. Nous sommes des individualités et chacun y va pour sa pomme, alors même qu’on vit toutes et tous dans une même cité, dans une même ville ou dans un même village.
A Vernier, depuis 2011, on a travaillé sur un modèle de médiateurs sociaux dans les quartiers populaires. Je reviens sur l’exemple des services publics. Ce modèle, c’est au fond accepter qu’il y ait des jeunes en bas de chez soi mais c’est aussi de ne pas accepter qu’à 22h du soir ils fassent du bruit. Nous utilisons des correspondants de nuit au lieu d’intervenir avec la police, où finalement ils font un travail de pompiers: ils viennent et tout le monde part, mais les jeunes reviennent ensuite. Ce modèle, c’est d’être tous les jours de l’année, 365 jours sur 365, de 18h à 2h du matin, dans les quartiers populaires. C’est ainsi qu’on arrive à des solutions pour les habitantes et les habitants où on travaille sur la tranquillité publique, on travaille sur l’acceptation d’avoir un groupe en bas de chez soi. Et pour les jeunes de les faire réfléchir sur le fait qu’ils laissent des déchets et que quand ils consomment de l’alcool, ils sont des états qu’ils n’arrivent plus à gérer. Il faut faire en sorte qu’avec les travailleurs sociaux hors murs, les maisons de quartiers et les correspondants de nuits de Vernier, on travaille à la résolution de ce type de problèmes.
La surreprésentation des jeunes à l’aide sociale est un scandale
6 jeunes sur 10 aujourd’hui à l’aide sociale n’ont pas de formation achevée. Il y a un effort massif à faire au niveau fédéral, au niveau cantonal, au niveau communal, pour mettre des moyens et convaincre. Il n’y a que 20% des entreprises en Suisse qui forment des apprentis. On doit absolument développer un plan qui augmente le nombre de places d’apprentissages et qui permette à des jeunes qui n’ont pas un bagage scolaire très fort, d’entrer dans une démarche de formation.
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