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Les jeunes ont besoin d’un cadre et de notre confiance, pas de notre méfiance et de contrôles systématiques

par Thierry Apothéloz – Texte publié sur le blog de la Tribune de Genève thapotheloz.blog.tdg.ch

Le Département de la cohésion sociale et l’Hospice général ont présenté mardi 4 mai 2021 le premier bilan de l’Allocation de préformation (APF). Ce projet, qui concerne jusqu’ici une vingtaine de jeunes de 18 à 25 ans en rupture, désireux de s’engager dans un processus de formation ou d’insertion, vise à remplacer le recours à l’aide sociale par une bourse d’étude.

A priori, rien de révolutionnaire. Et pourtant…

L’aide sociale, en tant que prestation d’assistance, est soumise à une surveillance et un contrôle relativement stricts. C’est l’apanage de la plupart des prestations sociales, à Genève comme ailleurs. Or, l’expérience nous montre malheureusement que le temps passé par les prestataires à surveiller, contrôler, vérifier, certifier est du temps qui n’est pas consacré à l’accompagnement et au soutien social. Nul ne conteste qu’il faut être particulièrement prudent et regardant avec l’argent public. Aucun abus n’est admissible avec l’argent des contribuables. Il est cependant aujourd’hui temps de changer un tout petit peu de focale et de revenir progressivement à une relation de confiance entre les bénéficiaires et celles et ceux qui aspirent à leur réinsertion durable et efficace, tout en maintenant un cadre clair à l’autonomie proposée. C’est là toute la philosophie de l’APF.

Dans un canton qui compte 1300 jeunes adultes en rupture, j’ai la volonté de développer des solutions qui favorisent leur autonomie et leur permettent de trouver progressivement leur voie de manière responsable, tout en leur assurant un suivi efficace.

Les avantages de ce système sont évidents: une meilleure estime de soi (être boursier.e.s plutôt qu’à l’aide sociale), une stabilité nécessaire pour un public par définition fragile (ou l’encouragement remplace le contrôle) et surtout plus de temps et d’énergie consacrés par les assistant.e.s sociales et sociaux à l’insertion et à la motivation.

Et puis la crise sanitaire nous a fourni des enseignements importants sur le besoin de formations certifiantes. Le marché de l’emploi subit une transformation sans précédents et l’APF représente un outil extrêmement intéressant pour cibler les domaines de l’avenir.

D’ici la fin de cette année, près d’une centaine de jeunes intégreront, c’est notre objectif, ce dispositif piloté par CAP Formations. Un dispositif destiné à faire florès dans sa philosophie et dans les principes de confiance mutuelle qu’il promeut.

L’APF est une première illustration de la réforme en profondeur de l’aide sociale genevoise que je m’apprête à présenter cette année. J’y reviendrai prochainement.

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