La RTS s’en est fait écho pas plus tard que hier : dans notre pays, ce sont près de 180’000 personnes qui renoncent aux soins dentaires pour des raisons financières. Ce chiffre, qui résulte d’une enquête de l’Office fédéral de la statistique, est effarant. Il démontre – si besoin est – que la société à deux vitesses n’est pas une simple vue de l’esprit. La Suisse, pays parmi les plus riches du monde, connaît un fossé d’inégalités inadmissible sur un segment sanitaire de base ! Il y a là une injustice qu’il s’agit de combattre. C’est ce que tentent de faire des initiatives cantonales en Romandie (Genève, Vaud, Valais). Mais le combat est loin d’être gagné d’avance, malgré l’évidence dramatique de la situation.
La question de la santé en général – et des problèmes dentaires en particulier – est intrinsèquement liée aux conditions d’existence. Entendez par là qu’on sait depuis longtemps que le cercle vicieux des inégalités a un impact direct sur les conditions sanitaires des individus : ce sont les personnes les plus défavorisées qui ont, de par leurs conditions de vie, les besoins en santé les plus importants. Et ce sont paradoxalement celles qui peuvent le moins se les offrir. Certes, le principe assurantiel des frais de maladie, par le biais de la LAMAL, permet de mutualiser et donc de corriger partiellement cet état de fait. Mais lorsqu’il s’agit de soins – pourtant indispensables à chacune et à chacun – que sont les soins dentaires, lesquels s’affichent au même prix pour toutes et tous, c’est là que les inégalités se creusent dangereusement. Avec des conséquences dramatiques : une bouche mal soignée est presque toujours condamnée à voir sa situation sanitaire se péjorer tels que des problèmes cardiaques, infections à la gorge, pertes de dents. La tragique conséquence est de voir au final les coûts d’intervention augmenter.
Depuis toujours, la couverture des soins dentaires échappe de manière totalement inexplicable au catalogue des prestations prises en charge par la LAMAL, alors qu’il s’agit le plus souvent de soins de base aussi impérieux que d’autres, pour lesquels l’intervention médicale classique ne pose pas de problème. Nul doute qu’il s’agit-là d’une déficience de notre système de soin qu’il conviendra rapidement de régler.
Certes, on me rétorquera que les coûts de la santé, déjà exorbitants dans notre pays, risquent fort de prendre l’ascenseur. Mais la question de la santé est un choix politique et qu’il convient, pour une société aussi riche que la nôtre, de mettre tout en œuvre pour assurer le bien être à ses membres. L’Etat s’est jusqu’ici contenté de jouer un rôle secondaire, de poser un cadre légal, laissant ainsi le privé s’immiscer largement dans une politique publique aussi essentielle que celle de la santé. Faut-il rappeler que chaque intervention, chaque soin apporté aux plus faibles est en fait un bienfait pour l’ensemble de la société, des plus pauvres au plus riches. Considérer que sa santé ne dépend que de soi, du montant de sa franchise et de l’ampleur de ses assurances complémentaires est une grossière erreur qui méconnaît l’histoire de la propagation des maladies, des épidémies, et le rôle des déterminants sociaux.
L’intégration des soins dentaires à la LAMal est donc à planifier, certes, mais aussi, pour nous, à assumer. Et puis, on peut aussi commencer, peut-être, à parler de prévention – le parent pauvre des politiques sanitaires de notre pays. Là aussi, il y a une marge de progression importante qui permettrait de faire à l’inverse des économies substantielles.
La santé coûte cher. Mais la précarité davantage encore. A nous de voir quel choix de société est le nôtre. Mon choix est clair: investir coûte moins cher.
Monsieur, vous avez complétement raison !!!
Dans mon pays d’origine, l’Uruguay, autrefois considéré comme « La Suisse de l’Amérique », chaque travailleur de n’importe quelle branche et en de particulier celles dans lesquelles le travailleur est en contact direct ou indirect avec la nourriture ou l’alimentation, était dans l’obligation de produire un certificat de santé (Carnet de Salud) qui comprenait non seulement les maladies respiratoires ou infectieuses (comme la tuberculose) mais aussi un état de sa santé dentaire.
Je ne sais pas si c’est encore d’actualité
Le système comprenait aussi tous les écoliers (Depuis 1876, l’école primaire et secondaire est toujours « laïque, gratuite et obligatoire »). Si vous le désiriez et le pouviez, vous pouviez envoyer vos enfants à des écoles privées.
Depuis des décennies, cette option a été suivie par tout parent désireux que son enfant réussisse dans la vie, et l »Education publique » est en débâcle.
Je ne sais pas si c’est tout cela est encore d’actualité.
A l’époque la « Santé publique » et les hôpitaux publiques offraient gratuitement les soins à tous les habitants.
Il est arrivé un moment que la santé « à deux vitesses s’est instaurée ».
Bien avant ce moment, il y a eu des « sociétés mutuelles privées » qui obligeaient à leurs membres (l’assurance maladie obligatoire n’existe pas et les « Caisses d’assurance Maladie » non plus, le système est différent) à se soumettre à un « examen préventif » annuel de santé, en fonction de son sexe et de son âge de chaque. Il se constituait ainsi un « dossier santé » dont le dépistage précoce et la prévention jouait un rôle majeur. Cet examen incluait aussi les aspects sanitaires de la dentition.
« O tempora, o mores » ….