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Mesdames et Messieurs les députés, je suis inquiet

16 décembre 2011 Thierry 0 Comments

Budget de l'Etat: Vernier s'inquiète

Mesdames et Messieurs les députés, je suis inquiet! Ce 16 décembre, le Grand Conseil se prononce sur le projet de budget 2012 dans un contexte économique particulièrement difficile en Europe, mais aussi à Genève. Pour répondre aux défis auxquels notre canton est confronté, la tentation est grande de vouloir couper dans les prestations et de profiter de l'occasion pour appliquer l'impitoyable doctrine économique des restrictions budgétaires. Et d'oublier ce faisant que la crise frappe toujours, et d'abord, les plus modestes.

Depuis bientôt dix ans, je suis membre de l'Exécutif de la commune la plus défavorisée de notre canton: Vernier. Le taux de chômage y explose, l'aide sociale y est plus indispensable que partout ailleurs et le revenu par habitant y est le plus bas. La cartographie du centre d'analyse territoriale des inégalités, dont la Tribune de Genève s'est récemment fait l'écho, le confirme: les quartiers populaires de Vernier sont parmi les plus modestes du canton. La ségrégation sociale dont ma commune est victime se double ainsi d'une ségrégation spatiale.

Malgré une faible capacité financière, Vernier, à l'instar d'autres communes, consent à d'immenses efforts pour améliorer la qualité de vie, lutter contre le chômage endémique, favoriser l'insertion sociale et professionnelle et soulager les familles en proposant des places de crèches. Cependant, ces efforts restent vains si le canton ne prend pas conscience que l'égalité des chances n'est pas la même selon que l'on habite Vernier ou Cologny.

Maintenir une cohésion sociale forte, déjà mise à mal ces dernières années par des inégalités croissantes, est un objectif fondamental qui nécessite une mobilisation de tous les départements.

Or, les décisions prises dans le cadre du budget 2012 peuvent s'avérer lourdes de conséquences. J'aimerais rappeler ceci aux députés qui, mus par d'irresponsables calculs d'épicier, pensent résoudre les problèmes financiers de l'État par des coupes budgétaires: financièrement, la pauvreté coûte cher lorsqu'il s'agit de réparer ses dégâts; humainement, tailler aveuglément dans les prestations revient à faire payer une situation économique à ceux qui sont les premiers à en souffrir, à ceux qui ont le plus besoin d'aide. Parier sur la rigueur, c'est rallumer le brasier d'un populisme que les démocrates de ce canton tentent d'éteindre par la raison et un engagement républicain.

Mesdames et Messieurs les députés, j'en appelle à votre sens des responsabilités en vous invitant à privilégier la justice sociale et la dignité. A rétablir la primauté de l'humain sur l'économie. A réduire les inégalités et améliorer les conditions de vie dans les quartiers populaires. La cohésion sociale est à ce prix. Les Genevois y ont droit.

 

Rubrique L’invité – Tribune de Genève – 16 décembre 2011

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