Le 1er juin dernier, Antonio Da Cunha a publié dans Le Temps une excellente tribune intitulée « l’heure de la révolution urbaine a sonné ». Si cet article propose un point de vue particulièrement pertinent sur la place du développement durable dans l’urbanisme d’aujourd’hui et de demain, il oublie en revanche de manière étonnante la place que l’humain occupe dans les villes. Le défi urbain ne peut ni ne doit être envisagé sans placer l’humain au centre de l’impératif écologique appelé de ses vœux par l’auteur.
En effet, à l’heure où elle « a remplacé l’entreprise comme principal théâtre de conflit social » (J.-M. Delarue, 3 mai 1994, in Le Monde), la ville peut être une chance, comme elle peut être un danger.
Une chance, car elle offre l’opportunité de faire société, de rapprocher les gens autour d’une identité positive forte, de favoriser un ancrage de soi. Un danger aussi, parce qu’une urbanisation mal pensée comporte des risques de désaffiliation, d’isolement, d’atomisation des individus et de perte de lien social. Ces dangers se traduisent par un accroissement des inégalités, des aînés et des familles isolés, des personnes fragilisées physiquement ou psychiquement, une désocialisation d’adolescents en rupture, une absence d’intégration des immigrés allophones, l’usage accru d’expressions agressives ou un sentiment d’insécurité exacerbé.
Partant, la ville de demain ne peut être réussie que si, en premier lieu, celles et ceux qui y vivent s’y sentent bien, intégrés, citoyennes et citoyens aspirant à une même communauté de destin. Elle ne pourra s’inscrire dans le développement durable que si elle répond d’abord aux impératifs des solidarités territoriales, familiales et de voisinage, si elle offre un domaine public de qualité alliant sécurité, mais aussi civilité, propreté et probité.
Quelles réponses apporter à ce défi sociétal ? Aujourd’hui, la vidéosurveillance et la responsabilité de la gestion des espaces publics par des agents en uniformes sont des propositions largement insuffisantes. Non, la solution réside dans une politique publique nouvelle : celle du mieux vivre ensemble.
A Genève, construire ce mieux vivre ensemble, c’est d’abord envisager d’autres formes de présence humaine, notamment par l’instauration de correspondants de nuit. C’est également offrir des infrastructures pour favoriser les rencontres des habitants, renforcer les solidarités familiales et de voisinage, répondre aux besoins de sécurité des citoyennes et des citoyens. C’est miser sur la jeunesse et la qualité de vie des seniors. C’est aussi contribuer à renforcer la sécurité sociale, développer à tous niveaux la démocratie participative. C’est enfin le devoir moral de lutter contre les inégalités croissantes dans notre canton.
Récemment, le canton de Genève s’est doté d’une loi pour une « politique de cohésion sociale en milieu urbain ». Cette nouvelle législation permettra enfin aux pouvoirs publics d’envisager un investissement différencié en faveur des villes et quartiers les plus défavorisés. Les villes de demain, celles qui combinent les plus grands risques sociétaux, pourront enfin bénéficier d’infrastructures supplémentaires, de services publics adaptés et d’une prise en compte globale par le canton des impératifs nécessaires pour une lutte efficace contre les inégalités sociales, économiques et territoriales.
Pour que la ville soit désormais uniquement une chance, et plus une incertitude, il est impératif de poursuivre dans cette direction. Condition nécessaire au développement durable appelé de ses vœux par Antonio Da Cuhna, la primauté de l’humain sur l’urbain doit être réaffirmée pour une ville plus solidaire, une ville du mieux vivre ensemble.
La ville au service de l’humain
Le 1er juin dernier, Antonio Da Cunha a publié dans Le Temps une excellente tribune intitulée « l’heure de la révolution urbaine a sonné ». Si cet article propose un point de vue particulièrement pertinent sur la place du développement durable dans l’urbanisme d’aujourd’hui et de demain, il oublie en revanche de manière étonnante la place que l’humain occupe dans les villes. Le défi urbain ne peut ni ne doit être envisagé sans placer l’humain au centre de l’impératif écologique appelé de ses vœux par l’auteur.
En effet, à l’heure où elle « a remplacé l’entreprise comme principal théâtre de conflit social » (J.-M. Delarue, 3 mai 1994, in Le Monde), la ville peut être une chance, comme elle peut être un danger.
Une chance, car elle offre l’opportunité de faire société, de rapprocher les gens autour d’une identité positive forte, de favoriser un ancrage de soi. Un danger aussi, parce qu’une urbanisation mal pensée comporte des risques de désaffiliation, d’isolement, d’atomisation des individus et de perte de lien social. Ces dangers se traduisent par un accroissement des inégalités, des aînés et des familles isolés, des personnes fragilisées physiquement ou psychiquement, une désocialisation d’adolescents en rupture, une absence d’intégration des immigrés allophones, l’usage accru d’expressions agressives ou un sentiment d’insécurité exacerbé.
Partant, la ville de demain ne peut être réussie que si, en premier lieu, celles et ceux qui y vivent s’y sentent bien, intégrés, citoyennes et citoyens aspirant à une même communauté de destin. Elle ne pourra s’inscrire dans le développement durable que si elle répond d’abord aux impératifs des solidarités territoriales, familiales et de voisinage, si elle offre un domaine public de qualité alliant sécurité, mais aussi civilité, propreté et probité.
Quelles réponses apporter à ce défi sociétal ? Aujourd’hui, la vidéosurveillance et la responsabilité de la gestion des espaces publics par des agents en uniformes sont des propositions largement insuffisantes. Non, la solution réside dans une politique publique nouvelle : celle du mieux vivre ensemble.
A Genève, construire ce mieux vivre ensemble, c’est d’abord envisager d’autres formes de présence humaine, notamment par l’instauration de correspondants de nuit. C’est également offrir des infrastructures pour favoriser les rencontres des habitants, renforcer les solidarités familiales et de voisinage, répondre aux besoins de sécurité des citoyennes et des citoyens. C’est miser sur la jeunesse et la qualité de vie des seniors. C’est aussi contribuer à renforcer la sécurité sociale, développer à tous niveaux la démocratie participative. C’est enfin le devoir moral de lutter contre les inégalités croissantes dans notre canton.
Récemment, le canton de Genève s’est doté d’une loi pour une « politique de cohésion sociale en milieu urbain ». Cette nouvelle législation permettra enfin aux pouvoirs publics d’envisager un investissement différencié en faveur des villes et quartiers les plus défavorisés. Les villes de demain, celles qui combinent les plus grands risques sociétaux, pourront enfin bénéficier d’infrastructures supplémentaires, de services publics adaptés et d’une prise en compte globale par le canton des impératifs nécessaires pour une lutte efficace contre les inégalités sociales, économiques et territoriales.
Pour que la ville soit désormais uniquement une chance, et plus une incertitude, il est impératif de poursuivre dans cette direction. Condition nécessaire au développement durable appelé de ses vœux par Antonio Da Cuhna, la primauté de l’humain sur l’urbain doit être réaffirmée pour une ville plus solidaire, une ville du mieux vivre ensemble.
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