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Thierry Apothéloz prend la parole à la Place du Molard

Genève se souvient.

29 janvier 2016 Thierry 0 Comments

Photos: photography geneva by Demir Somnez

Ma journée du mercredi 27 janvier a été marquée par deux événements en lien avec la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste auxquels j’ai eu l’honneur d’assister ou de participer.

Les Cropettes, un lieu de mémoire

La première commémoration de la journée s’est tenue devant l’école des Cropettes. La Ville y a inauguré une plaque commémorative. En 1943, l’armée y décidait du sort des réfugiés. L’initiative provient de Claire Luchetta-Rentchnik et se veut un hommage aux refoulés et un lieu de mémoire.

L’école des Cropettes, comme d’autres lieux à Genève, a en effet servi durant la deuxième guerre mondiale de camp de triage de l’armée pour les réfugiés passés clandestinement en Suisse. Parmi les centaines de juifs qui ont transité dans cette école, certains ont été refoulés à la frontière. Une partie d’entre eux ont ensuite été arrêtés et déportés vers les camps de la mort.

Ce camp de triage aurait vu transiter 2’526 personnes dont au moins 1’622 étaient juifs. Près de 80 réfugiés juifs ont été refoulés après être passés par ce camp, dont 17 ont été déportés.

Ces Justes Musulmans qui ont aidé les Juifs

C’est pour moi un honneur d’avoir été sollicité ensuite en fin de journée pour prendre la parole toujours à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. La cérémonie organisée à la Place du Molard était quant à elle dédiée aux Justes musulmans qui ont aidé les Juifs durant la deuxième guerre mondiale.

Au nom des communes genevoises que j’ai représenté, j’ai tenu à féliciter les organisateurs de cette manifestation du souvenir. Une manifestation particulièrement bienvenue dans un monde qui voit, plus que jamais, des communautés se monter les unes contre les autres, et faire basculer notre monde dans la folie meurtrière.

Rappeler que les conflits communautaires ne sont pas une fatalité, rappeler la force de celles et ceux qui se sont élevés contre la barbarie, rappeler qu’un être humain mérite de vivre, quel que soit son origine, sa religion, ou ses opinions, voilà le message de ce rassemblement.

Briser les stéréotypes, refuser les amalgames réducteurs, lutter pour la paix et la cohabitation pacifique et respectueuse de toutes et tous, c’est là le plus noble des combats. Et je félicite les collectifs «I am your protector » et l’Université populaire albanaise d’avoir organisé cette manifestation du souvenir. En nous rappelant ces héros anonymes qui ont sauvé des vies au péril souvent de la leur, en nous rappelant que les humains sont d’abord des humains d’où qu’ils viennent, ces associations ont fait un acte de mémoire terriblement nécessaire. Et qui colle parfaitement à la réalité du monde d’aujourd’hui, où tout le monde semble avoir oublié le poids de l’Histoire et les enseignements nécessaires que nous devrions en retirer.

A Genève, nous avons la chance de vivre dans un environnement multiculturel pacifié. Nos communes mélangent les origines, les nationalités, les religions et les cultures, pour former ce melting-pot international dont nous pouvons être fiers. Cela, bien sûr, n’est pas toujours allé de soi et il a fallu construire cette cohésion sociale au cours des siècles. Mais finalement, le résultat est là, et on peut dire que, de ce point de vue, il fait meilleure vivre à Genève que dans bien des endroits du monde.

Mais c’est un combat qu’on ne peut jamais gagner, si on ne continue pas à lutter, au quotidien, pour l’entente, le respect et la solidarité, d’où qu’on vienne et qui qu’on soit. Le vivre-ensemble est à ce prix. Et le formidable témoignage de mémoire qui nous est présenté aujourd’hui fait partie de ces combats importants qui nous permettent de resserrer nos liens.

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