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260’000 enfants pauvres en Suisse ! Qui peut tolérer cela ? Et qui en est responsable ?

11 janvier 2012 Thierry 0 Comments

La Suisse, considérée comme l’un des pays les plus riches du monde, fait face ce matin à une dure réalité : comme le relève une récente étude de Caritas, 260’000 enfants vivent chez nous dans la précarité. Le risque pour ces enfants est multiple : exclusion économique et sociale, manque de formation, d'alimentation équilibrée, manque de soins médicaux et dentaires, mauvais résultats scolaires.

Malgré un rapport du Conseil fédéral sur la question de la pauvreté, en réponse à une motion du socialiste Stéphane Rossini (1), la politique sociale et familiale, en Suisse, est rabotée jour après jour, rendant important les risques de paupérisation d'une partie croissante de la population.

Dans le canton de Genève, depuis une dizaine d'années, on ne cesse de fermer progressivement l’accès à l’aide sociale, empêchant ce faisant à des familles d’obtenir le droit à un accompagnement financier et administratif pourtant indispensable dans beaucoup de cas. Les réformes de l'assurance chômage (fédérales et cantonales), la loi sur l'aide sociale individuelle durcie en 2008, l'abandon du RMCAS sont autant de coups mortels portés à notre système de protection sociale. L’augmentation des allocations familiales, combattue par ailleurs farouchement au Grand Conseil par la droite et le Conseil d’Etat, heureusement sans succès, est certes bienvenue, mais elle demeure encore largement insuffisante face aux dégradations de plus en plus nombreuses de notre système de protection sociale.

Comme le réclame CARITAS, des mesures politiques fortes doivent être prises, en commençant d’abord par une prise de conscience qui doit passer par un Observatoire du Social réclamé par les Socialistes au Grand Conseil. Ensuite, l’ensemble des départements cantonaux doivent fermement s’engager dès aujourd'hui à mettre rapidement en ?uvre des mesures concrètes visantà une véritable lutte contre l’exclusion et favoriser une plus grande égalité des chances.

Cette lutte de tous les instants contre les inégalités sociales et la précarité, c'est le chemin que la ville de Vernier a décidé d’emprunter à son modeste niveau : accès facilité aux restaurants scolaires, qui proposent des repas « fourchette verte », augmentation de places en petite enfance, présence massive d’acteurs sociaux dans les quartiers (travailleurs sociaux hors murs, maisons de quartiers, correspondants de nuit, etc.), renforcement important des moyens au service de la cohésion sociale (emploi, formation).

Cependant, la ville de Vernier ne peut pas tout assumer toute seule. Sans une réelle volonté cantonale de lutte contre l'exclusion, nos efforts ne peuvent pas porter tous leurs fruits. Le projet de loi sur la cohésion sociale en milieu urbain, qui sera ? je l'espère – voté ce printemps, permettra d'aller dans le sens voulu, en ce qu'il offrira aux communes et quartiers les plus sujets à la précarité ? dont Vernier détient la palme ? des moyens supplémentaires bienvenus.

Mais ce ne sera encore qu'un premier pas. Il faut que nos édiles comprennent qu'investir dans la prévention de la pauvreté, l'action sociale individuelle et collective, la formation ou l'emploi sont des conditions nécessaires au développement harmonieux de notre société. Gouverner, c'est anticiper les problèmes et investir massivement dans leur résolution.

La précarité coûte toujours plus cher au final que les économies que l'on fait sur son dos. Un chômeur sans droit coûte cher, un jeune en rupture coûte cher, une famille expulsée coûte cher, et pourtant, on continue de jouer toujours plus à la politique de l'autruche, en pensant que les choses s'arrangent d'elles-mêmes. Mais qui peut encore y croire sincèrement ? La précarité coûte à la société bien plus cher que la richesse. Ce message, pourtant simple, il faut que nos élus cantonaux finissent, de gré ou de force, par le comprendre un jour et agissent.

(1) Stratégie globale de la Suisse en matière de lutte contre la pauvreté. Rapport du Conseil fédéral en réponse à la motion (06.3001) de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-N) du 13 janvier 2006, 31 mars 2010.

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